Comme trois autres bateaux de pêche ce jour-là, le ‘Ma Gondole’, malamok construit à Concarneau en 1939 et immatriculé à Douarnenez, embarque le 19 juin 1940 (avec 5 tonnes de sardines), une cinquantaine de passagers, direction l’Angleterre pour rejoindre le Général de Gaulle.
De retour en France et réquisitionné par les Allemands, il servira dès novembre 1940, sous le nom de ‘Joséphine’, à une tentative d’infiltration d’espions allemands en Angleterre. Immobilisé par les Anglais, il ne reviendra à son port d’attache qu’une fois la guerre terminée.
Les sources d’information
Deux sources importantes ont fourni des informations précieuses sur cette traversée :
- des recherches menées par Pierre Cabellic en 2003 auprès de la famille du patron de pêche Joseph Mézou, dont voici les résultats dans un courrier de Pierre Cabellic adressé à Jean Michaux :
Dans ce courrier, Pierre Cabellic cite le nom d’une quarantaine de passagers qu’il a pu identifier :
– l’équipage : Joseph Mézou (le patron, dit Tonton Jos), Louis Bideau, Michel Le Moan
– les passagers : André Bouguen, Paul-Edouard Paulet, René Join, Louis Philippe, Georges Le Friant, Guy Le Coz, Guillaume Le Coz, Henri Le Coz, Jean Le Coz, François Kermoal, Jean Pellé, Joseph Blanchard, Pierre Olive, Lucien Le Gall, Jean Le Bihan, Marcel Pellay, Jean Buisson, François L’Haridon, ? Coulloch, Raymond Prosper, Jean Sergent, Marcel Boudigou, Henri? Normand, Yves Pichavant, ? Le Bars, Henri Perrot, Louis Pouliquen, Pierre Riou, Joseph? Pépin, René Bricout, Roger Bricout, Henri Lechner, René Blanchard, ? Barzilaï, Jean Michaux, Jacques Ménestray.
- Bagou Coz, le site très complet sur les bateaux de pêche de Douarnenez, dont sont extraits les textes et images suivantes.
On y apprend le nombre exact de passagers (46 civils, 2 aviateurs et 4 marins) noté par les autorités britanniques à leur arrivée, ainsi que la mention d’un incident technique lors de la traversée.
Une page spécifique de ce site relate l’expédition ‘Joséphine’, tentative de débarquement d’espions allemands et de saboteurs cubains en novembre 1940.
Un grand merci au site bagoucozdz.fr pour les précisions sur la différence entre un chalutier et un malamok, et pour m’avoir autorisé à publier ici ces informations.
« Ma Gondole » n’est pas un chalutier, mais comme le dit Pierre Cabellic : un malamok.
Jean-Claude Bourdon pour bagoucoz.
Un chalutier est équipé pour trainer un chalut. Un malamok est un bateau polyvalent pouvant être gréé pour la pêche aux palangres, la pêche au thon germon, pour la pêche au maquereau filets de dérive, pour la sardine salée au Maroc etc… C’est le cas de « Ma Gondole ».
Résistance :
le 19/06/1940, le bateau de Joseph Mézou évacue, depuis Port Rhu, cinquante passagers, dont Edouard Paulet et Georges Le Friant. Ce dernier est décédé le 24/07/2013, à New Malden (U.K.), à l’âge de 90 ans.
En septembre 1940, le malamok revient à Douarnenez. Réquisitionné par les allemands et renommé Joséphine, il est le support d’une tentative d’infiltration de l’Angleterre par les nazis. Découvert, le bateau est mis en fourrière à Cardiff, jusqu’à la fin de la guerre. Il est ramené à Douarnenez par Ernest Sibiril, avec une importante voie d’eau (photo) et, après réparation, reprend la pêche avec son patron Joseph Mézou…Note from John Mcwilliams :
«I recently found in the Newlyn Harbour Arrivals Book for 1937-43:
20 June1940, 4pm. MV Ma Gondole, French, Mezou, 48t, Douarnenez. 2 French airmen, 4 mariners, 46 French Civilian refugees. »Informations issues du site Bagou Coz (copie faite le 03/09/23)
Note de Patrick Vuillefroy :
« Le 19 juin 1940 Georges Vuillefroy de Silly, 19 ans, étudiant, était à bord pour rejoindre l’armée de libération qui se constituait en Angleterre.
Son engagement dans la 2è DB du général Leclerc se terminera aux portes de Paris le 24 août 1944, tué par une balle ennemie.
Dans son carnet de route il signale la panne de moteur -de courte durée- de Ma Gondole, le 19 juin, alors qu’ils étaient au large du Cap de la Chèvre. »
Images extraites du site Bagou Coz
Pour plus d’informations sur la réquisition de ‘Ma Gondole’ et son emploi sous le nom de ‘Joséphine’ par les Allemands, consultez les pages du site Bagou Coz en cliquant sur les images suivantes.
En complément, une publication de la Fondation de la France Libre qui retrace le départ des volontaires en juin 1940 cite ‘Ma Gondole’ dans les tous premiers départs après l’Appel.